Social

Rédigé en octobre 2006
Cette rubrique consacrée à l'étude des problèmes sociaux actuellement rencontrés en France, se veut avant tout réaliste.
Son objectif n'est pas d'apporter des solutions, mais d''analyser - autant qu'il est possible  - la situation présente, et de la
comparer à la description qu'en font nos dirigeants.
Vous découvrirez avec quelle désinvolture  nos politiques règlent les problèmes et vous serez invités à admirer de près,
la situation sociale d'Outre-Manche dont ils vous vantent sans cesse les mérites !


Social 3
Social 2
Ci-dessous
On parle au quotidien de précarité, de pauvreté, de taux de chômage..., on apporte beaucoup d'importance aux chiffres, on les considère comme porteurs de messages, alors qu'on ignore le plus souvent comment ils sont calculés et ce qu'ils représentent.
S'il y a ignorance, disons...pour les 2/3 d'entre nous...il faut garder des amis, celle-ci est excusable : tout est fait pour l'entretenir.
Seuls les magiciens qui manipulent les chiffres ont le droit de savoir. C'est leur secret, leur cuisine, leur pouvoir.

On a tenté d'en savoir plus, en fouillant sur le Net et en feuilletant quelques livres (Chômage, des secrets bien gardés - Sois Stage et tais-toi...).
Le but de cette page est de présenter une synthèse des informations recueillies, capables de nous faire entrevoir la réalité !

Chut ! suivez le guide, vous allez découvrir quelques uns des dessous de la magie sociale !
 

La précarité


La précarité peut se définir comme une très forte incertitude quant aux chances de pouvoir récupérer ou conserver une situation acceptable dans un avenir proche.
Contrairement à la pauvreté, la précarité ne se mesure pas. C'est une notion purement subjective.
Cela n'empêche pas les médias de faire l'amalgame ! 
"Précaire" peut de plus en plus avoir deux sens : "qui ne tient qu'à un fil"  ou  "qui ne permet pas de joindre les deux bouts".

  

La pauvreté


La pauvreté est l'insuffisance des ressources matérielles (manque d'argent) et des conditions de vie, qui empêche des êtres humains de vivre dignement selon les droits légitimes et vitaux de la personne humaine, et qui les condamne aux dures difficultés de la survie au jour le jour.

La pauvreté pécuniaire est le manque d'argent, résultant d'une insuffisance de ressources et entraînant des difficultés pour se nourrir, s'habiller, se loger...
Lorsque les disparités de revenus sont importantes, la pauvreté peut être appréhendée statistiquement par la mesure du niveau de consommation.
Un individu est alors considéré comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au niveau que l'on estime être le seuil de pauvreté.

Du fait de sa simplicité, la comparaison des revenus au seuil de pauvreté est couramment utilisée pour définir les individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté des populations.

Calcul du seuil de pauvreté

Le seuil de pauvreté se définit à partir de la notion de "revenu médian".
Pour une population, le revenu médian est le revenu qui se trouve au milieu de l'échelle des revenus, entouré par les mêmes nombres de revenus plus faibles et de revenus plus élevés.
Il ne faut pas le confondre avec le revenu moyen (revenu global de tous les individus, divisé par le nombre d'individus).

On entend par "revenu" l'ensemble des ressources apportées par les activités, le patrimoine, les prestations sociales, les retraites et les allocations chômage.

L'Insee qui est une direction du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, a défini le seuil de pauvreté comme étant égal à 50% du revenu médian, soit en 2004 (dernier chiffre publié) 657 € /mois, ou à peu de chose près, la moitié du SMIC, salaire minimum de croissance, qui était alors de 1286 € /mois.

On calcule le revenu d'un foyer, ou de chaque membre du foyer, en divisant l'ensemble de toutes les ressources du foyer par le coefficient obtenu en additionnant à 1 pour le premier adulte, autant de fois 0,5 qu'il y a dans le foyer d'autres personnes de plus de 14 ans et autant de fois 0,3 qu'il y a d'enfants de moins de 14 ans.
La comparaison du résultat au seuil de pauvreté détermine si le foyer et ses membres sont pauvres ou non. 

Suivant les statistiques de l'Insee, le taux de pauvreté de la population française était en 2004, de 6,2 % de la population, ce qui correspond à 3,6 millions de pauvres.

 
Où est le coup de baguette magique ?
Il est dans la définition du seuil de pauvreté : 50 % du revenu médian.
Le critère européen du seuil de pauvreté défini par Eurostat est pour sa part : 60 % du revenu médian.

Selon les critères européens la France avait en 2004, un taux de pauvreté de 11, 7 % et 6,9 millions de pauvres, presque le double des valeurs officielles de l'Insee !

Dernière minute

Les statistiques Insee parues en juillet 07 font apparaître pour 2005 en France et selon les critères européens, une hausse du nombre des pauvres de 369 000, et un taux de pauvreté de 12,1 %.

Le RMI


Le RMI (revenu minimum d'insertion) a été instauré en 1989 pour venir en aide aux personnes très démunies, comme les chômeurs qui ne touchent plus d'indemnités et qui n'ont pas retrouvé de travail, par exemple.
Toute personne de 25 ans ou plus (hors stagiaires ou étudiants), de moins de 25 ans si elle a un ou plusieurs enfants, peut demander à bénéficier de cette aide, en s'engageant en contrepartie à participer à des actions d'insertion sociale.
Le montant du revenu est ajusté en fonction des ressources du demandeur (avantages sociaux compris) de façon à ce que l'ensemble n'excède pas 430 € pour une personne seule, ou 910 € pour un couple avec 2 enfants, par exemple.

Selon le régime d'appartenance le versement de l'allocation est effectué par la Caisse d'Allocations Familiales ou la Mutuelle Sociale Agricole.

Si cette aide est fort utile aux personnes nécessiteuses, elle est aussi souvent accusée d'encourager la paresse de beaucoup de profiteurs !

En 2004 (année de la dernière publication), il y avait selon l'Insee, un peu plus de 1,2 million de bénéficiaires du RMI .

Les Assedic


Quand un travailleur a perdu son travail et tant qu'il n'en a pas retrouvé un autre, il est au chômage, il n'a plus de ressources d'activité.

L'Assurance chômage est un système de protection sociale  financé par les contributions des employeurs et des salariés.
Celles-ci sont reversées sous forme d'allocations aux salariés sans emploi qui ont suffisamment cotisé, mais aussi affectées à des dépenses ayant pour but d'aider au retour à l'emploi.
Ces missions sont mises en œuvre, entre autres, par les Assédic.

Les allocations sont au maximum égales à 75% du salaire de référence de l'ex-salarié et la durée pendant laquelle elles sont versées est variable entre 7 et 23 mois, selon la longueur de la période de cotisation (éventuellement jusqu'à 36 mois pour les plus de 50 ans).
60% environ des chômeurs touchent ces allocations.

Emploi / Chômage / Inactivité

Cela paraît tout simple : d'un côté il y a  les gens qui sont en en âge de travailler, dont une partie ne trouvant pas d'emploi est malheureusement victime du chômage, de l'autre côté il y a ceux qui ne travaillent pas :  les enfants et les retraités.
Mais tout se complique dès que l'on tente de définir des frontières entre les domaines de l'emploi, du chômage et de l'inactivité.
Pour le montrer, on s'inspirera d'un schéma présenté dans "Le Chômage, la Découverte, Jacques Freyssinet, 1998 ", après l'avoir  adapté au propos.
Le dessin  représente de façon purement qualitative, donc sans échelles, l'ensemble de la population française (62,7 millions d'habitants en 2005 - Insee).
La population active (27,6 millions de personnes) , en forme de "8" et entourée de vert, comprend deux zones : celle de l'emploi entourée de bleu, et celle du chômage entourée de rouge.
La population inactive est, elle, une zone unique entourée d'orange.
Il serait logique que les différentes zones dessinées ne s'interpénètrent pas, mais cela ne représenterait pas la réalité.
Leurs pourtours se coupent les uns les autres en formant les secteurs numérotés de 1 à 7 du dessin.

Le secteur 1 est celui des travailleurs qui ont un emploi.

Le secteur 2 est celui des chômeurs répondant aux critères très précis du Bureau International du Travail (BIT) : personnes âgées de 15 ans ou plus qui sont sans emploi  (c'est à dire qui n'ont pas travaillé, ne serait-ce qu'une heure durant une semaine dite de référence), qui sont disponibles pour prendre un emploi dans les 15 jours, et qui cherchent activement un emploi (ou qui en ont trouvé un qui ne doit pas débuter pas dans l'immédiat).

Le secteur 3 est celui des inactifs : jeunes de moins de 14 ans , étudiants, retraités, hommes et femmes au foyer, personnes en incapacité de travailler, …

Le secteur 4 est une zone floue entre l'emploi et le chômage qui s'accroît avec la multiplication des formes atypiques d'emplois, celle des travailleurs subissant un temps partiel non voulu, des personnes recherchant un emploi mais ayant un peu travaillé dans la semaine de référence, des personnes possédant un emploi "précaire".

Le secteur 5 est une autre zone floue, entre l'emploi et l'inactivité, celle des travailleurs qui n'ont pu trouver qu'un temps partiel et qui cherchent un temps complet ou un second temps partiel pour vivre décemment, des étudiants diplômés qui font stages sur stages (à moins de 30% du SMIC) pour tenter de trouver un employeur...

Le secteur 6,  entre chômage et inactivité, est celui des personnes qui, même si elle désirent travailler, ne sont plus comptabilisées parmi les chômeurs (elles sont dispensées de recherche d'emploi) en raison du trop peu de chances qu'elles ont de retrouver du travail, des personnes découragées qui ont renoncé à chercher un emploi, des étudiants choisissant de poursuivre des études à défaut de trouver du travail... 

Le secteur 7 qui appartient en même temps à l'emploi, au chômage et à l'inactivité, n'a pas de signification en soi : on lui affecte les travailleurs clandestins et les employés "au noir".

 

Chômeurs et taux de chômage


Lorsqu'un chômeur recherche du travail, il peut s'inscrire à l'ANPE pour qu'elle l'aide à en trouver. Mais son inscription à cette agence n'est obligatoire que lorsqu'il désire bénéficier des allocations Assedic.

L' Agence Nationale Pour l'Emploi est un organisme parapublic français créé par l'État en 1967 pour centraliser les offres et les demandes d'emploi, effectuer des statistiques sur le nombre de demandeurs d'emploi et gérer des centres de ressources pour aider les chercheurs d'emploi dans leurs démarches et leur parcours.

C'est l'ANPE qui informe chaque mois les organismes gouvernementaux de la situation du chômage.

Lors de leur inscription à l'ANPE, l'agence classe les chômeurs, selon ce qu'ils sont, ce qu'ils ont fait et ce qu'ils recherchent, en 8 catégories.
Le tableau suivant (source : Chômage, des secrets bien gardés - F. Brutus , 2006) décrit les 8 catégories et donne les nombres des inscrits dans chacune d'elles, en novembre 2005.

L'ensemble des 8 catégories faisait apparaître à cette époque , il y a dix mois,  4 133 000 demandeurs d'emploi inscrits, soit :  15,0% de la population active.

Alors comment pouvait-on dire, à ce moment là, que le taux le chômage était sous la barre des 10% ?  En se servant d'une baguette magique ?
Oui, parce que l'Etat avait déjà décrété auparavant avec sa baguette magique (ou même peut-être avec sa hache magique) que seule la Catégorie 1 serait considérée pour servir de base au calcul du taux de chômage.
En novembre 2005 celui-ci était donc très officiellement égal à :  2 414 000 / 27 637 000 x 100,  soit :  9,8% de la population active.

Pourtant le nombre réel des chômeurs était bien supérieur au nombre des demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE, puisqu'à ces derniers il fallait ajouter les personnes qui ne s'étaient pas inscrites à l'Agence, celles qui, découragées, en étaient parties, celles qui en avaient été radiées administrativement (les agences locales ont des objectifs de radiations dont elles doivent rendre compte à leur hiérarchie) et surtout une grande partie des RMIstes (au total 1,2 million) qui n'avaient pas l'obligation d'inscription.
Il faut savoir que l'inscription implique des contraintes souvent mal acceptées : répondre à des convocations fréquentes, assister à des réunions,  suivre des stages de formation non choisis, rendre des comptes, pointer, ...

En tout c'est plus d'un million de chômeurs qu'il y avait lieu d'ajouter aux 4,1 millions dénombrés par l'ANPE, conduisant à un taux de chômage réel supérieur à 18%.

Toutes les associations spécialisées s'accordent à dire que  le taux de chômage réel en France est beaucoup plus proche des 20% que des 10%.
Que représente alors le taux de chômage officiel ?
Pour toutes les raisons qui précédent la réponse est :  rien.
En excluant une partie des chômeurs et en occultant la précarité, il ne reflète pas du tout la situation française de l'emploi .

Depuis novembre 2005 le taux de chômage officiel a baissé d'environ 0,8 point, malgré une croissance peu favorable.  Pourquoi ?

Est-ce que c'est parce des emplois en CDI  se sont libérés du fait d'importants départs en retraite ?  Est-ce que c'est parce que des chômeurs Catégorie 1en fin de droits ont renoncé à l'ANPE ou ont souhaité changer de Catégorie ? Est-ce que c'est parce que des seniors en fin de droits ont été définitivement dispensés par l'ANPE de recherche d'emploi ?  Est-ce le résultat des 2 coups de baguette magique préélectoraux : le Décret du 2 août 2005, exigeant un durcissement des radiations des listes ANPE, et la Convention de Reclassement Personnalisé qui offre aux licenciés économiques (du 15 avril 2006 au 1er mars 2007) un stage professionnel les dispensant d'une inscription ANPE en Catégorie 1 ?

On ne le sait pas, mais il y a peu de chances que ce soit parce que des chômeurs ont retrouvé du travail !

Enfin une dernière question qui brûle les lèvres, et non des moindres : que sont devenus les chômeurs en moins, sont-ils maintenant employés ou inactifs et précaires ?
Personne ne vous le dira.


Alors ?


Cette page montre que le taux du chômage annoncé officiellement tous les mois, n'a aucune aptitude à refléter la situation de l'emploi et du chômage en  France.
Le taux du chômage officiel est un chiffre manipulable à loisir, dont la diminution n'a aucune signification puisque tout passage de chômeurs officiels vers le chômage non comptabilisé, la précarité ou l'inactivité, le réduit.

Le seul moyen de refléter honnêtement la situation de l'emploi et du chômage en France, serait d'adjoindre au taux du chômage officiel un "taux de la précarité" défini tel que :

                          Population active = Employés + Chômeurs officiels + Précaires

Mais comme ce nouvel indice montrerait qu'en France le nombre des sans emplois ou en sous-emploi est de l'ordre des 19 %, nous ne sommes pas près de le voir apparaître !

Pourtant la vérité est là  et les français sont très peu nombreux à la connaître !
Le fait de leur laisser croire implicitement que le chômage officiel renferme tout ce qui n'est pas l'emploi,  relève de la manipulation.
 

   
Représentation, réaliste et à l'échelle,
de la population française (62.7 millions)
   

                                                                   



Haut de page



Social 2