Société

Rédigé en février 2007
Le terme "Société" doit être considéré ici comme représentant l'ensemble des moeurs, des coutumes et de l'organisation, partagés par la population française.

La France a été, au cours des 40 dernières années, confrontée à deux épreuves importantes :
  • sa "révolution" de mai 1968,
  • son ouverture à la mondialisation, par la loi de déréglementation financière de 1986.
Ses gouvernants successifs n'ont jamais su gérer correctement les conséquences de ces événements, participant ainsi à la dégradation des moeurs d'abord, de l'économie ensuite, de la Société qu'ils étaient pourtant censés défendre.

Le but de la rubrique est de dénoncer certains des dysfonctionnements actuels de la Société, d'expliquer leurs origines, et de présenter des alternatives d'organisation susceptibles d'y remédier.

La rubrique est sans aucun doute politique, mais elle n'a aucune vocation militante : elle illustre une façon de penser légèrement atypique, avec le désir d'amener le lecteur peu critique à voir les problèmes sous un angle différent de celui, savamment orienté et lénifiant, des médias.

Les problèmes de Société


Il est bon de rappeler, pour dissiper les doutes, que la France est une république démocratique qui, après avoir mis en pratique sa superbe devise "Liberté, Egalité, Fraternité" peut s'enorgueillir d'avoir établi une Société dans laquelle la solidarité entre citoyens est exemplaire, assurant à tous une sécurité minimum dans les domaines du travail, de la famille, de la maladie et de la vieillesse.
Les français sont, on les comprend, très attachés à leur système de protection sociale.
Ils le sont d'autant plus que si celui-ci venait à disparaître, beaucoup se retrouveraient sans rien.

Les problèmes !

Liste non exhaustive des problèmes !

  • Le chômage, la précarité et la pauvreté sont, en dépit des annonces officielles, en constante augmentation. Comme montré dans la rubrique "Social" le nombre cumulé des chômeurs et des précaires avoisine les 20 % de la population active, et les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté représentent 12 % de la population totale (peut-être plus encore, le chiffre officiel datant de 2004).

  • Le déficit de la balance commerciale française, apparu en 2004, n'a cessé de croître jusqu'à atteindre le record de 29 milliards d'euros en 2006. Avec les autres déficits de protection sociale et de gestion, l'endettement de la France est aujourd'hui supérieur à 1150 milliards (les 2/3 du PIB) et la rémunération des prêteurs absorbe à elle seule 20% du budget l'Etat.
      (Voir à droite l'étendue et les risques de l'endettement).

  • Par manque de moyens et de volonté, l'éducation (depuis mai 68), la recherche, la sécurité et la justice sont dans une phase de déclin prononcé. Il en résulte une perte de moralité, une dégradation du savoir faire et une crise de confiance particulièrement  néfastes pour les citoyens et le pays, des troubles encore amplifiés par une immigration galopante.

  • Le système politique, avec la prédominance de 2 grands partis dont les représentants, avant d'être élus, doivent être préalablement cooptés, ne laisse plus aucune place à la démocratie. Pour être élus les candidats ne présentent plus de projets, ils font du populisme. Les électeurs ne votent donc plus pour un projet, mais contre le candidat qu'ils détestent le plus.

Société 2



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Que font les gouvernants face à ces problèmes  ?


La réponse sera courte et décevante !
Ils font de la communication, c'est à dire du baratin et... du vent, ils camouflent les chiffres ou les truquent, ils collent sans fin des rustines sur des chambres à air archi usées, ils laissent filer les déficits sans se préoccuper du lendemain...plus lamentables encore, ils baissent les impôts.
A l'heure de la mondialisation, ils ne font rien pour sauver le modèle social français. Au contraire, avec leurs récentes tentatives d'adoption d'une constitution européenne libérale, puis de précarisation du travail, ils montrent clairement leur volonté de le mettre en pièces.


Pourquoi la mondialisation met-elle en péril le modèle social français ?

  • Les cotisations sociales sont, en France, prélevées au niveau des salaires.
Le graphique de droite (cliquer dessus) schématise la façon dont les prélèvements sont effectués sur les salaires. Il donne aussi quelques ordres de grandeur. On voit que la majeure partie des cotisations est payée par le patron et l'on devine très vite que cette charge sociale doit nécessairement se retrouver comprise dans le coût des produits ou des services commercialisés par l'entreprise.
Mais attention, la mondialisation ayant éliminé les protections commerciales, les produits ou les services de l'entreprise sont en concurrence directe  avec d'autres qui ne supportent pas de charges sociales, proposés à partir de n'importe quel point du globe...
Si l'entreprise rencontre des difficultés à vendre, elle ne peut plus investir, elle doit licencier, elle finit par fermer.

  • L'influence disproportionnée de l'actionnariat sur les entreprises.
La libre circulation des capitaux permet aux investisseurs étrangers d'acheter à loisir des actions des entreprises françaises.
Ainsi des actionnaires étrangers détiennent déjà 66 % de la première entreprise française et 46 % de la totalité du CAC 40.
Parmi ceux-ci, les fonds de pension et les fonds mutuels anglo-saxons disposent d'une force de frappe particulièrement redoutable.
Quand on dit que "la finance mène le monde" ou que les "financiers tirent toutes les ficelles", ce sont d'eux qu'il s'agit.
Capables de mouvements de capitaux brusques et massifs, ils maîtrisent les cours des actions et peuvent, quand ils le désirent, rendre opéable n'importe quelle entreprise, la pire chose qui puisse arriver à un PDG.
Les PDG qui tiennent à leur place, c'est à dire tous, sont obligés de satisfaire leurs moindres désirs.
Et des désirs ils en ont, ils sont insatiables.
Avant la déréglementation financière une entreprise qui avait une rentabilité de 2 ou 3% était considérée comme viable. Aujourd'hui les financiers imposent des taux de rentabilité de 15 à 20%, impossibles à atteindre sans licenciements, fermetures ou délocalisations.
Par exemple en 2005, Nestlé a dû se désengager pour un euro symbolique de son usine de Saint-Menet, près de Marseille, parce que sa rentabilité n'était que de 9% alors que les actionnaires exigeaient une rentabilité minimum de 13%.
Les patrons rejettent les investissements et licencient à tout va, sans autres raisons que celle de satisfaire leurs actionnaires.
Les premiers comme les seconds s'enrichissent effrontément, sans s'émouvoir ni des drames, ni des absurdités dont ils sont les auteurs.
C'est un des aspects du libéralisme ! 
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Des réformes possibles


Des quatre problèmes de Société dénoncés, on s'intéressera essentiellement aux deux premiers qui, engendrés par la mondialisation, concernent l'ensemble chômage-précarité-pauvreté et l'endettement.

Le troisième problème (éducation, recherche, sécurité et justice) serait à moitié résolu si, une fois les deux premiers réglés, l'argent entrait à nouveau dans les caisses de l'Etat.

Le quatrième problème est le plus désespérant. On ne voit vraiment pas comment un homme suffisamment intègre et républicain, désireux et capable de rétablir la démocratie, puisse émerger du système politique actuel qui - finance et médias aidant - est totalement vérouillé.


Comment minimiser les effets néfastes de la mondialisation  ?


On a précédemment présenté les 2 points faibles de la Société française face à la mondialisation : le prélèvement des charges sociales au niveau des salaires et la fragilité des entreprises face à l'actionnariat.
C'est à chacun d'eux qu'il faut s'attaquer, en faisant les réformes qui s'imposent.
Les solutions proposées sont fortement inspirées du net et de la presse (de l'économiste Frédéric Lordon en particulier pour la seconde).

  • Les prélèvement sociaux sous forme de TVA sociale

La réforme consisterait à prélever les cotisations sociales, non plus sur les salaires, mais sur les produits et les services commercialisés dans le pays, sous la forme d'une taxe, semblable à la TVA à laquelle elle s'ajouterait, appelée par analogie, la "TVA sociale".
La réforme permettrait :

1- en délestant les coûts de production des charges sociales, de rendre les produits français plus compétitifs sur le marché mondial,
2- en plombant les produits d'importation des charges sociales, de rendre les produits français plus compétitifs  sur le marché national.

Le montant de la TVA sociale pourrait être modulé selon qu'elle s'applique à des produits de première nécessité ou à des produits de luxe.
Des personnalités politiques aussi bien de droite que de gauche, ainsi que des syndicats, sont favorables à la mise en place de la réforme.
Tant qu'une Constitution Européenne libérale n'est pas adoptée, l'instauration d'une TVA sociale est tout à fait légale au sein de l'Europe.
Du reste l'Allemagne, a augmenté début 2007 son taux de TVA de 16 à 19%, en prévoyant de consacrer les deux tiers des nouvelles recettes à la réduction de son déficit budgétaire et le dernier tiers à l'allègement des charges sociales qui pèsent sur les salaires.
C'est un début d'introduction de la TVA sociale en Europe.


  • Limitation des prétentions de l'actionnariat des entreprises

Si la finance est devenue aussi puissante dans le monde, c'est parce que les déréglementations financières lui ont retiré toutes barrières. Libre, sans aucun contre-pouvoir, elle est devenue hégémonique et s'infiltre, telle une hydre, dans tous les recoins de la civilisation où elle trouve à se nourrir... jusqu'à les tarir.
Dans le cadre de l'entreprise, par exemple, elle ne se contente pas de capter les gains de productivité réalisés par ses salariés ou obtenus en les licenciant, elle saigne de la même façon toutes ses sociétés de sous-traitance.

Il est normal de rémunérer l'argent, les taux d'intérêts sont faits pour ça. Ces taux sont de l'ordre de 3% en Europe.
Les fonds investis en actions méritent bien sûr d'être rémunérés aussi, mais il est révoltant de constater combien leurs profits sont démesurés et comment ces profits sont faits, au détriment de la dignité et du bien-être humains.
On est là très éloigné des aspirations de la devise française !

Puisque les démesures financières résultent du retrait des barrières, il faut en recréer une d'un type nouveau, au moins au niveau de la France. Son extension à toute l'Europe serait impossible puisque les financiers anglo-saxons sont les premiers à bénéficier du système.

La réforme consisterait à voter une loi limitant le profit des actionnaires des entreprises françaises, à quelques points au dessus des taux d'intérêts monétaires, les excédents de profit étant alors versés à l'Etat.
Il faut bien comprendre que le but de la réforme ne serait pas de prélever un nouvel impôt, mais d'éliminer la pression destructrice que l'actionnariat exerce sur les entreprises.
Autorisées à fonctionner en dégageant une rentabilité de 6% par exemple , celles-ci pourraient reprendre leurs efforts de recherche, se développer et remplir de nouveau le rôle social que la Société attend d'elles depuis 20 ans.

Cette réforme n'est pas évidente.  Elle nécessite en particulier une étude préalable sur la façon de taxer les investisseurs étrangers par l'intermédiaire de leurs passeurs d'ordres (seuls de la chaîne à dépendre du droit français). Mais elle est quand même porteuse d'espoir.

  • Augmentation de l'imposition

Refrain habituel : "pour diminuer le chômage, il faut relancer l'économie, donc augmenter la consommation, donc diminuer les impôts".
L'augmentation de la consommation (qui profite aux pays exportateurs) et la réduction des impôts (qui profite aux riches) ne font en fait qu'augmenter l'endettement.
Celui de la France est déjà supérieur aux normes européennes (66% du PIB, pour 60% maximum autorisés).
Nous n'avons pas le droit de vivre aujourd'hui aux dépens des générations futures, il faut donc impérativement augmenter les impôts.






































Et alors ?

Cette réflexion sur la Société française n'est pas débordante d'optimisme.
La France est mal gérée, elle vit au dessus de ses moyens, et on fait tout pour le lui cacher.
Elle est la proie de la FINANCE, hydre dont on discerne maintenant un peu mieux les visages et les façons d'agir, mais dont on ignore encore les moyens de se libérer et les proportions que peut prendre son hégémonie.
On aurait aimé aborder les relations finance / médias / politique pour comprendre comment des français pouvaient être amenés à louer les bienfaits du libéralisme, doctrine on ne peut plus opposée aux principes même de la France, mais ces relations sont obscures.
Quel intérêt personnel tirent-ils de leur attitude ?
L'attentisme des dirigeants met le modèle social français véritablement en péril.
La "rupture" annoncée par le très libéral ministre candidat, pourrait bien être l'instauration de protections sociales, d'éducation, de justice et de sécurité, dites "à deux vitesses".


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